samedi 13 octobre 2012

Raf Simons pour Dior.

  

J’étais resté sans voix lors de la première collection de Raf Simons pour Dior en juillet dernier devant la pauvreté du défilé, en comprenant la pression qu’il devait subir…
"Je voulais un véritable nouveau look, Je voulais donner à la collection un certain classicisme et un côté très parisien pour Dior, apporter une sorte de nouvelle liberté, de nouvelle sensualité" avait expliqué à l'AFP en backstage le créateur belge. À part le décor du défilé, absolument somptueux, de fleurs fraîches piquées sur les murs de l'hôtel particulier parisien, du sol au plafond, roses au parfum puissant, orchidées vanda et grappes de delphinium … Ce premier défilé Haute-Couture Dior, était destiné à une mode rentrée en pleine récession. C’est-à-dire l’inverse de ce qu’avait fait Monsieur Dior, à la sortie de la guerre, en présentant une collection d’un luxe inouï et fait rêver le monde entier, avec le succès à la clé.
Mais en voyant la collection de prêt-à-porter qu’a livré fin septembre, le nouveau directeur artistique de la maison Dior, la voix m'est revenue. C’est bien de reprendre les fondamentaux de Monsieur Dior, tout le monde le fait en ce moment, crise oblige, les maisons se recentrent sur leurs propres codes. Ça rassure. Mais l’époque a changé, depuis la collection de 1947 ou Christian Dior faisait défiler la veste Bar. Tous les créateurs qui ont succédé au maitre ont livré leur vision de la mythique veste, avec plus ou moins de bonheur. Marc Bohan, réaliste et élégant,  Gianfranco Ferré, flamboyant et baroque,  John Galliano, bousculant les codes avec malice. Mais dans le cas présent, celle de Raf Simons, tellement banale, est certainement dédiée à une femme "normale", dans l’air du temps; cette normalité que l'on sait déjà démodée... Que dire des fameux drapés qui font partie de l'histoire de la maison? Les siens sont si torturés, si maladroits, qu’ils gomment toute forme de féminité. Et le choix des couleurs ! Quand on n’est pas un coloriste, on s’en tient à une gamme étroite, comme Amani. On nous parle d’épure, moi, je dis, pauvreté. L’épure c’est Cristobal Balenciaga, c’est Gabrielle Chanel ou Azzedine Alaïa. Il faut avoir un sacré talent pour retirer tout superflu et atteindre l’essentiel. Ce qui n’est pas le cas ici. Je ne sais pas où sont passés les ateliers Dior, car je n’ai pas retrouvé leur savoir-faire inimitable. Quoi qu’il en soit, cette femme banale, normale, n’est pas désirable. La mode doit susciter de l’envie et du rêve.
Madame tout le monde Dior, très peu pour moi. Vive la Parisienne qui à ce petit plus qui la différencie et que tout le monde nous envie, car elle est désirable.
Le site de la maison Dior: http://www.dior.com
Le site de Raf Simons: http://www.rafsimons.com






 

Saint-Laurent Paris par Hedi Slimane.


Depuis l'annonce de son arrivée, au printemps dernier, le microcosme de la mode attendait avec impatience, toutes griffes dehors,  les premiers pas d'Hedi Slimane  pour Yves Saint-Laurent. Il prend le pouvoir avec des mesures radicales pour marquer son territoire. Changement du nom "Yves Saint-Laurent" en "Saint-Laurent Paris". Une façon très intelligente de tuer le père pour faire passer le nom à la postérité. Le logo dessiné par Cassandre en 1961 est revu et corrigé, les boutiques sont redécorées et son studio de création déménage de Paris  au soleil de Los Angeles. Une prise de contrôle nécessaire pour avoir une chance de réussite. Il se met au travail, cultive son goût du secret,  livre sur la page de la maison un petit film magnifique, en noir et blanc, à l'esthétique sophistiquée et rebelle, qui aiguise la curiosité.  Il dédie son premier défilé à Pierre Bergé dont il a le soutien. Personnellement, je ne l’aurais pas fait, il avait tué le père, en retirant le "Yves", du nom, j’aurais été plus loin en tuant l’amant, "Pierre", et tous les vieux démons qui vont avec, comme toutes ces égéries qui font partie d’un passé mort avec le maitre…en 2008. J’aurais donc marqué la renaissance de la maison avec au premier rang, ses amis du monde de la musique qu’il affectionne et les propres muses de sa génération.
La pression était-elle très forte, trop ? Le résultat : Hedi Slimane a revisité la grammaire de la maison. Les robes sahariennes en veau velours, les smokings, les  tailleurs pantalons et les longues robes de mousseline signent le retour du pur Saint-Laurent de la ligne Rive gauche, créée en 1966. Les proportions des vêtements sont de nouveau dans l’époque, avec la disparition des épaulettes de footballers américains tellement datées et les vestes sont un peu plus près du corps. Bien sûr, les journalistes se sont affrontées, entre celles qui se sont pâmées et les autres qui sont sorties la tête haute croyant détenir la vérité… Ce sont les mêmes qui encensaient il y a encore quelques mois le créateur précèdent, qui lui, n’avait aucun talent.
Je pense sincèrement qu’il faut  laisser du temps au temps,  cette collection est un passage obligé pour aller de l’avant. Un peu d’audace, monsieur Slimane, soyez culotté, et débarrassez-vous de ce passé qui n’appartient qu’aux fantômes vivants ou morts de cette maison.
Les femmes attendent une autre nouvelle histoire d’amour, elles avaient un mari, elles veulent un amant, avec Vous !
Le site de Saint-Laurent Paris: http://www.ysl.fr
Le site d’Hedi Slimane : http://www.hedislimane.com 


    

lundi 1 octobre 2012

L’ Art Pompier d’Adel Abdessemed.



Intitulée "Coup de tête" (2012), cette statue de bronze de plus de cinq mètres de haut et de plusieurs tonnes a été posée en face du centre Pompidou, dans le cadre d’une exposition dédiée à cet artiste d’origine algérienne (prix Marcel Duchamp en 2006) qui ouvre au public le 3 octobre. Version beaucoup plus petite de «Coup de tête» qui  avait déjà été présentée par la galerie new-yorkaise David Zwirner.
"Cette statue s’oppose à la tradition qui consiste à faire des statues en l’honneur de certaines victoires. Elle est une ode à la défaite", explique Philippe Alain Michaud, le commissaire de l’exposition. "L’œuvre d’Adel est souvent à double tiroir", fait-il valoir. "Bien qu’elle reprenne un événement populaire connu de tous et immédiatement identifié, cette œuvre est aussi une allusion à la tradition réaliste et aux fresques de Masaccio. Le regard de Zidane vers le sol nous rappelle celui d’Adam, chassé du paradis", souligne-t-il.
Ces mots sont partout dans la presse et personne, à ma connaissance n’a contredit Philippe Alain Michaud ! Comparer cette statue avec la fresque de la Capella Brancacci de Florence est une honte. S’il est aussi ému devant les fresques de Masaccio que devant cette statue à poser dans un parc d’attractions, je pense qu’il doit retourner en Toscane de toute urgence. Il faut arrêter de prendre les gens pour des imbéciles et leur faire avaler n’importe quoi ! Cette œuvre n’a aucun intérêt, car sans réflexion, ou plutôt si, comme le dit si bien ce commissaire d’exposition, elle est le symbole du nivellement par le bas. Une ode à la facilité, à l’ignorance, à l’Art Pompier qui nous entoure depuis quelques années. Vive la vraie création, vive les vrais artistes, ceux qui nous donnent à réfléchir, qui nous poussent en avant et qui nous font rêver !
Ce "Coup de tête"  devrait quitter la Piazza à la fin de l’exposition vers le 7 janvier. Tant mieux !